Consiste à s’interroger sur la valeur d’une assertion avant de l’accepter, à en peser les arguments, à en examiner l’origine, en recherchant ce qu’elle doit à la passion, la partialité, l’intérêt, à discriminer les éléments objectifs de son contenu, en pourchassant l’erreur d’observation, la faute de logique, la confusion entre métaphore et explication entre fait établi, généralisation théorique et simple hypothèse.

La culture de l’esprit scientifique est un élément essentiel de la formation scientifique, mais elle n’est que l’un de ses éléments. Pasteur s’est exprimé avec éloquence à ce sujet dans son discours à l’inauguration de l’institut qui
porte son nom.

« Cet enthousiasme que vous avez eu dès la première heure, gardez le, mes chers collaborateurs, mais donnez lui pour compagnon inséparable, un sévère contrôle. N’avancez rien qui ne puisse être prouvé de façon d’une façon simple et décisive. Ayez le culte de l’esprit critique. Réduit à lui seul, il n’est ni un éveilleur d’idées, ni un stimulant de grandes choses.
Sans lui tout est caduc. Croire que l’on a trouvé un fait scientifique important, avoir la fièvre de l’annoncer et se contraindre, des journées, des semaines, parfois des années à se combattre soi-même, à s’efforcer de ruiner ses propres expériences, et ne proclamer sa découverte que
lorsqu’on a épuisé toutes les hypothèses contraires, oui , c’est une tâche ardue. »

L’esprit critique n’a rien de commun avec l’esprit de critique, de dénigrement.
Ce n’est pas une preuve d’esprit critique, mais d’absence d’esprit critique, que de donner la prime aux arguments négatifs, sur les arguments positifs.
L’esprit critique consiste à peser les uns et les autres à leur plus juste poids, avec lucidité, à l’écart de l’idée préconçue et des autres entraînements.

• • • • • Texte issu du dictionnaire rationaliste - 1964