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"Nobelles" : Cémonie pour les oubliées du prix Nobel

"Nobelles" : Cémonie pour les oubliées du prix Nobel


par Michèle Talfer

Depuis la création du prix Nobel en 1901, il a été attribué à 602 hommes et 21 femmes pour la physique, chimie, physiologie et médecine… Chiffres éloquents, n’est-ce pas ?
La pièce d’Anne Rougée, "Nobelles" , est l’occasion d’évoquer la place des femmes dans le milieu scientifique aujourd’hui.

NOBELLES

Nobelles, cérémonie pour les oubliées du prix Nobel d’Anne Rougée a été mise en scène par Laureline Callabizza et jouée par 3 comédiennes dont l’autrice, dans les centres culturels de Limoges.

Ce spectacle prend la forme d’une fausse cérémonie de remise de prix “Nobelles” à 12 scientifiques aussi brillantes que méconnues. Ce sont par exemple Jeanne Barret, Mileva Maric, Jocelyn Bell, Hedy Lamarr, etc.

L’autrice revient sur son propre parcours, pas si facile, même de nos jours.

Entrée à l’École Normale en 1979, pourquoi avez-vous choisi un cursus scientifique ??

Je viens d’une famille de scientifiques, mon père dans les mathématiques, ma mère dans la physique chimie, tous deux dans l’enseignement supérieur. M’orienter ainsi a été une évidence pour moi, même si le théâtre m’a attiré très tôt. Cela faisait peur à mes parents. Je l’ai mis de côté.

Où en est-on quant au nombre de filles dans ces filières ??

Les choses évoluent. En classe préparatoire, à l’époque de ma mère, il y avait 2 filles sur 50 élèves. À la mienne, c’était 4 ou 5 sur 40. Aujourd’hui, cela a encore progressé, comme je l’ai constaté dans les classes de mes fils.

Comment vous sentiez-vous dans le milieu scientifique ??

En prépa, à mon époque, une fille se dévalorisait. Elle avait intégré le cliché qui lui fait penser que les hommes sont meilleurs. Difficile pour elle de se sentir légitime. Il faut y croire. Les parents peuvent y aider.

Après les études ??

C’était pareil. Je ne me suis pas sentie légitime pour devenir chercheuse. Je me suis orientée comme ingénieure dans le privé, qui prône la diversité. Les équipes mixtes sont plus performantes. Comme vous le voyez, le critère est financier et non humain.

Avez-vous subi de la misogynie dans votre carrière ??

Quand il s’agissait de convaincre la direction, la démonstration était toujours faite par celui qui porte le “costar-cravate”. Tous les ans, se tenait un congrès où je n’ai jamais été missionnée. Dès le départ, j’avais mal négocié mon salaire. Mon époux qui a fait des études moins brillantes a eu une bien meilleure carrière. La discrimination est insidieuse. La femme pense qu’elle n’est assez performante. C’est le syndrome de l’imposteur ?! Il faut du temps pour en prendre conscience et travailler à s’en affranchir.

La situation a-t-elle évolué ??

Plus ou moins. Les dernières réformes qui mettent par exemple les maths en option au lycée ont généré une régression d’au moins 30 ans. Les filles ne choisissent pas cette option. Les réformes même bien pensantes sont parfois contre-productives.


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