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Militantisme - outils méthodologiques

Quel peut-être le rôle de militants rationalistes, vis à vis de la société, vis à vis des jeunes ?
Quelles problématiques développer dans le contexte actuel ?

Cette question avancée dès le texte d’introduction de l’UR-MN (cahier N°681 de novembre décembre 2022 ) est l’élément fédérateur de nos actions et nos réflexions, de notre rôle de militants de l’Union Rationaliste, au sein de la société.
Mais il est évident que cette question mérite approfondissement  :
Qu’est ce que le militantisme ? Quel est notre rôle de militants ? Pourquoi le militantisme ? Comment l’envisageons-nous ? Comment envisageons-nous de le mener ? Quels en sont les enjeux ?
Comment pouvoir se construire une opinion sur un sujet, sur une problématique de société, quand nous n’avons pas de compétences spécifiques sur le thème abordé ?
Et pourtant faut-il abandonner le « militantisme », quand il s’agit d’un sujet qui nous interpelle quant à ses enjeux au sein des débats de société.
Cette question se pose au regard d’une exigence de débats démocratiques, qui implique ou devrait pouvoir impliquer tous les citoyens concernés, soit directement pour eux mêmes en regard de leur situation propre, soit pour la société, son orientation, ses choix, ses perspectives, son évolution.
Il nous faut cependant poser la définition du terme de militantisme pour la mettre en relation avec l’idée de méthodologie, non encore abordée. Celle-ci permet une approche un peu distanciée de la question. Sans donner toute la mesure du problème, elle permet, au moins par une analyse, d’en appréhender le contexte global même s’il ne s’agit pas d’une réelle compréhension du sujet.

1- Le militantisme :
Il ne s’agit pas ici d’un militantisme au sens où il est souvent restreint : « militantisme électoraliste », souvent associé au militantisme des partis politiques. Même si celui-ci en est évidemment partie prenante et important, il ne recouvre pas tout ce qui peut s’intégrer dans le « militantisme ».
C’est plus largement un militantisme par lequel se font des échanges d’idées, de valeurs, autour de problématiques de société, qui visent à transformer celle-ci.
Pour résumer : une participation large et urgente à la vie publique en tant que « citoyen », participation plus que jamais nécessaire, les évènements actuels ne peuvent que le prouver. D’autre part, cette implication militante alimente également une vision impliquée, avec un regard critique de la gestion du pays.

Partager avec d’autres nos analyses, nos convictions citoyennes, notre positionnement personnel vers un projet de société.
Nous avons besoin de rêver .. de construire, d’imaginer, d’échanger, si nous voulons construire un avenir, sans chercher à ne s’accrocher qu’à ce que nous ne voulons pas pour le contester.
Imaginer, créer collectivement, pour confronter des analyses, des arguments contradictoires,
Pour construire, nous avons besoin de liberté, de liberté de pensée, de laïcité, et d’universalisme, besoin de créativité, et d’inventivité, qui sont les points solides qui relient art et raison, culture et philosophie.
C’est aussi le substrat qui fonde une réflexion politique. Sortir des chemins traditionnels pour émanciper la réflexion.
C’est également ce qui poussera des jeunes à sortir hors des habitudes, des traditions, celles de sa famille, de son pays, de sa culture…. pour aller vers ce qu’on ne comprenait pas, ou ne connaissait pas, vers d’autres avenirs…

1.1 Pour quel projet de société ?.. c’est la question :
Ou bien la cause défendue est une société plus juste, plus égale, - voire dans le même but ; « lutter contre » .. ( contre ce qui divise, ce qui discrimine, discriminations de type social, de type raciste, sexiste ou autre…) : Aller vers une conception égalitaire et universaliste de la société.
Cette perspective nécessite une implantation large, s’appuyant sur un grand nombre de militants.
Les thèmes sont nombreux et actuellement nous assistons à des « débats », éventuellement par médias interposés, qui traversent la société. Par exemple, les choix énergétiques que doit assurer une société, compte tenu du contexte d’évolution du climat ou sur des questions de vaccinations et de vaccins récemment découverts face à une pandémie, ou même de « Vaccination », concept plus large et plus théorique, qui, bien qu’ayant été admis comme un progrès durant de nombreuses années, est maintenant re-questionné sur ses fondements.
Comprendre aussi ce que sont les OGM, les ondes électromagnétiques, etc..
De grandes campagnes militantes se développent , en « opposition », ou « en faveur », certaines moins apparentes, d’autres plus actives selon qu’ elles font partie d’une forme de consensus, ou au contraire qu’elles se développent plutôt en opposition - « consensus » ou « opposition » fluctuant en fonction de contextes (culture, pays, époque, etc..).
Ces contradictions alimentent d’ailleurs la démarche d’analyse scientifique, source de compréhension de la question étudiée.
1.2 Mais, « l’égalité » , comment l’aborder ?
La France affiche sur les frontons des bâtiments publics : « Liberté, Égalité, Fraternité » mais cette question d’ Égalité mérite d’occuper une place importante dans la réflexion militante, non seulement dans le respect qu’elle se doit d’avoir de la légalité, mais de plus dans la compréhension qu’elle nécessite d’apporter aux yeux des citoyens, des jeunes, parce qu’elle est transversale à de nombreuses autres problématiques :
En particulier, « la Différence empêche-t-elle l’Égalité ? », est une question difficile à aborder chez les jeunes -
Ou : « Les » différences empêchent-elles l’Égalité, … « l’égalité des Droits ? »
L’implication militante des citoyens est essentielle pour une société démocratique. C’est une démarche qui vise avant tout un changement de société plutôt qu’un intérêt individuel, et qui cherche à s’appuyer sur une intervention collective.

1.3 Mais le militantisme n’est pas nécessairement « positif » 
S’il s’agit de militer pour une société qui peut être qualifiée d’inégalitaire, en attribuant des droits prépondérants ou discriminants à certaines catégories de personnes. Ce type de militantisme se tourne vers une volonté d’organiser la société en « catégories », (catégories fermées sur des personnes dont - les ou des - caractéristiques sont communes, couleur de peau, pays d’origine, religion, genre, et... classe sociale...
Au delà du projet de société lui même, on peut aussi s’inquiéter de ces dérives. En effet, quand les critères de division sont considérés comme immuables, comme une « évidence » essentialiste : « c’est la nature ! », « c’est la tradition », des campagnes militantes s’installent dès lors qu’il s’agit de questions sociétales, « contre la laïcité », ou contre l’égalité des genres, (« respect de la nature »), (IVG, contraception, PMA, homosexualité, etc..)
Mais ces positionnements font aussi l’objet de « militantisme ».
Il ne s’agit plus alors de regrouper des personnes pour chercher « des solutions à un problème sociétal », mais de persuader largement, dans la société, du bien-fondé de la division, par des stratégies en général peu avouables, puisqu’il n’y a pas de réels arguments rationnels. Il s’agit plutôt de la validation d’une croyance ou de l’« essentialisme » posé comme évidence.

2- Dans la formation des jeunes, des outils de méthodologie participent de la réflexion,
en vue de :
Faciliter l’intégration de jeunes dans la vie militante de leur société… Sortir des idées préconçues ? Penser librement ?
Refuser le fatalisme, apprendre aussi à sortir de climats anxiogènes qui le favorisent autant que le désintérêt, l’abandon ou l’abstention sous diverses formes, ne sont pas des évidences dans le contexte de société

Nous vous invitons, pour ce faire, à explorer sur notre site, certaines de nos analyses lors d’actions menées avec des jeunes, lycéens, collégiens
https://urmn.lautre.net / Et le rationalisme / Stéréotypes : vidéo-reportage et livre d’analyses associé / Sommaire / 2d : Les différences empêchent-elles l’égalité ?
Nous évoquons ici quelques idées mises en pratique, que nous souhaitons partager et nous attendons avec grand intérêt quelques-unes des vôtres.
Exemple : projet annuel 2021 – 2022 voir les articles sur le site de l’UR-MN en suivant le chemin :

https://urmn.lautre.net → Et le rationalisme → Fêtes de la Science & Projets annuels→ Edition2021/2022

2.1 Dans une situation cadre : « analyse des stéréotypes et de leurs enjeux » :

• Analyse critique des idées préconçues, des dogmes, des stéréotypes à partir de la démarche scientifique, outil emprunté aux sciences .
• Comprendre ce qu’est un stéréotype, Analyser les enjeux qui sont liés à ces stéréotypes pour les personnes, ainsi que les enjeux de société, etc..) Apprendre à les démonter pour s’en prémunir.

Quel est le rôle de militants ?
• Apprendre à se dégager de ses propres croyances, de ses « habitudes » non contrôlées, non analysées, pour se construire sa propre liberté de pensée, et s’ouvrir aux arguments des autres.

• Transmettre et échanger avec les autres, les réflexions et les analyses sur le sujet.

• Réalisation : Création de courtes vidéos, (ou spectacles de marionnettes) dans le but de présenter à un public la problématique des stéréotypes, les enjeux (comment se dégager de stéréotypes)

• Dégager des objectifs de présentation à un public  : Que voulons nous « montrer » à ce public ? dans quel but ?

• Une fois ces objectifs dégagés, il faudra mener la réflexion sur les aspects de présentation du sujet au public par cette courte vidéo : attrait, compréhension, esthétique, concision etc. et dégager, dans le cadre de cette réflexion, ce qu’est le militantisme.

• En prenant appui sur l’exemple proposé ci-dessus, quelques outils nous semblent importants dans le cadre de cette réflexion sur le rôle des militants.
• Le travail en groupes. Apprendre des autres, partager des arguments, détecter les idées préconçues (il est toujours plus facile de détecter celles des autres que les siennes, pour en tirer enseignement.)
• Définir (écrire) le problème qu’on pose. Ce n’est pas spontané et demande un certain entraînement.
• Passer du problème posé à une problématique, ce qui nécessite un apprentissage supplémentaire. Mais le cadre « pédagogique » qui est proposé par la perspective de présentation à un public, facilite la compréhension d’une nécessaire généralisation du problème particulier.

Quelques autres outils sont exploités, au cours de cette étude (ou d’autres)
Nous vous proposons d’explorer quelques unes des présentations d’actions ou de réflexions, explicitées sur notre site, en suivant le chemin ci-dessous :
https://urmn.lautre.net / Et le rationalisme / Stéréotypes : vidéo reportage et livre d’analyses associé.

• Argumenter contre son opinion ( développe la capacité d’argumenter et de construire une opinion critique) –
• ou Inverser les rôles dans un débat qui joue avec les stéréotypes (par exemple stéréotypes hommes / femmes)- l’inversion des rôles choque les habitudes et permet une prise conscience assez efficace.
• Proposer à une personne du groupe de mener un débat à partir d‘une phrase , une citation, etc., avec argumentation de la part de chaque membre Puis analyse et synthèse collective.

Ces situations, ces outils pédagogiques utilisés en phase de construction du projet, peuvent être ensuite exploités par les participants dans leurs propres techniques de présentation au public.

Dernier point : le responsabilité attribuée aux jeunes de construire complètement la problématique de leur projet, l’élaboration de la présentation à un public leur donne de l’assurance et un recul important sur leurs capacités et, à terme, un regard plus affirmé sur leur place dans la société.

En conclusion, et pour revenir à la question initiale : Pourquoi le militantisme ?

C’est ce qui permet une ouverture large sur la société et une grande curiosité, une réflexion personnelle à partir d’interactions avec d’autres.
C’est aussi ce qui permet d’affronter collectivement les difficultés de la société en rompant avec l’isolement (trop souvent considéré comme de l’individualisme ), sortir du fatalisme, pour aller vers une émancipation qui profite, tant à la personne qu’à son entourage, et à la société.

Michèle Talfer
UR-MN (UR-Métropole Nord)